vendredi 9 avril 2010

Pamphlet

LE POIDS DE L'INSTITUTION

OU

QU'EST-CE-QUE L'ART DANS UNE ÉCOLE DES

BEAUX-ARTS AUJOURD'HUI



J'ai envie de répondre, là, dans l'instant, intuitivement, un RAMASSIS DE CONNERIES DICTÉ PAR DES MASTURBATEURS INTELLO.

Mais je m'emporte là, et répondre par « instinct » me déservirait puisque ce mot ne demeure point familier à leur langage.

Or j'aimerais, cette fois, être entendue et comprise à juste titre :


Je ne suis point ici pour faire de la fioriture. L'ornement c'est le crime comme disait l'autre (A. Loos).

Depuis mon entrée dans cette institution, mon seul et unique but est d'éclater la purulente forme pour en faire sortir le fond salvateur.

Car c'est la matière, la couleur, qui font la forme. Bachelard avait raison, c'est le lait qui donne sa forme au sein.


Cette terre brute, il n'y a rien de plus concret, de plus sensible. C'est de cette terre que nous devrions tous nous nourrir. JE VEUX MANGER DE LA TERRE. Je veux sentir chaque gravillon, chaque grain de sable, croquer sous mes dents. Je veux l'engloutir avant qu'elle ne m'engloutisse. J'AI LES CROCS, ENVIE D'ABSORBER TOUT CE QUI PASSE. Je veux manger le paysage qui défile sous mes yeux. Pour que chacune de ses routes, de ses plaines, de ses forêts, se fondent dans mon corps. Oui, je veux être l'écran de cette multitude.


Je ne veux pas de vos socles, JE SUIS SOCLE. IL NE FAUT PAS DE SOCLE. MORT AU SOCLE ! Il faut laisser le fond libre d'imposer sa pesanteur.

Le poids de votre institution et de ses fioritures écrase mon oeuvre et le peu de sensibilité qu'il reste à l'art.

Le white cube le réduit en miettes le transformant en véritable industrie.

Je n'ai pas envie de m'appeler Hirst ou Koons.

Oui, je crois que l'art n'a jamais été aussi proche de l'entreprise dont l'unique objectif est de faire du bénéfice en vendant ses pièces proprettes. La valeur de l'art, de la sensibilité qu'il est censé présenter ne s'évalue pas en argent.


Certains cassent des laboratoires pour en libérer leurs prisonniers. DÉLIVRONS L'ART DU BLANC ASEPTISÉ DU MUSÉE À COUP DE GROS, LOURD, ET BRUT BELIER EN BOIS.


RENDONS L'ART À LA VIE !



Manifeste du train Le Mans – Caen

Le 2 Avril 2010

EB

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