jeudi 22 août 2013

Toucher avec les yeux


Toucher avec les yeux 

      Armé de ses écrans et de ses tablettes, le monde n’a jamais été aussi « tactile ». Il n’en est pas plus sensible pour autant. L’écran est devenu une barrière obscure bien plus qu’une fenêtre ouverte sur le monde. C’est de cette perte, de cette absence de contact dont parle mon travail. Cette rencontre c’est celle des matériaux d’entre eux mais aussi celle du corps avec le sensible.
      Mes écrans sont de pierre, de cire d’abeille, de pixels, des « surfaces haptiques » qui appellent non seulement l’inscription de notre regard mais aussi celle de notre corps entier. Car ces « matières-couleurs » agissent sur nous comme des « charges » sensibles. On sent ainsi l’or jaune (la cire d’abeille), on entend le silence blanc (la pierre) et les pixels sont les pigments d’une peinture inachevée dans laquelle nous nous projetons.

      Tout est contact. Contact entre matières.
      Le contact c’est celui des gouttes de pluie mitraillant le pare-brise, celui de la toile épousant le morceau de bois grâce à l’huile de lin, celui du papier de verre râpant la douce pierre. La matière forme la matière. Mais le contact c’est aussi la relation qu’entretient l’artiste avec le monde qui l’entoure. Il est, en quelque sorte, lui aussi « surface sensible ». Il arpente, collecte, expérimente le monde et ses matériaux dans lesquels il vient graver son geste. Il se fait alors « reporter », « reporter » du sensible.
      Là où la bonne mère Consommation captive, ensorcèle, endort en nous envoutant de ses écrans vides, je cherche à provoquer une rencontre avec l’instant, avec cet « ici et maintenant », ces sensations, ce contact avec le présent que nous manquons chaque jour à travers de notre recherche de l’immédiateté lorsque nous téléphonons en marchant, lisons nos mails dans le métro etc.


Paris, le 24.05.2013










vendredi 16 août 2013

samedi 10 août 2013

vendredi 9 août 2013